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Sommaire

 

 

Avant-propos
Dominique BERTHET

Le concept de géophilosophie de Deleuze et Guattari :
Une déclinaison du rapport au lieu
Max BELAISE



La rencontre du lieu
Dominique BERTHET


Des lieux et des espaces dans les contes créoles.
La cour dans le conte créole : un lieu de transcendance et de transhumance

Jean-Georges CHALI


La dynamique du lieu
Dominique CHATEAU


La reconfiguration du lieu dans l’espace foyalais.
L’exemple de Bô-kannal
Serge DOMI


L’espace traversé
Gisèle GRAMMARE


L’œuvre-monde de Francisco Brennand
Hugues HENRI



D’ailleurs – « I Won’t Play Other to Your Same ».
Portraits topiques et (auto)représentations
Marion HOHLFELDT


Le cadre, le socle et quelques autres lieux incontournables de la forme
Giovanni JOPPOLO


Délit de fuite
Jean-Louis LEBRUN


Sawfè ? Mwen la
Alexandre CADET-PETIT


Labyrinthes de l’espace vécu
Pere SALABERT


Le lieu, la mer
Laurent VALERE


Présentation des auteurs

Actes n° 13 

L'art dans sa relation

au lieu 

Avant-propos

 


Dominique BERTHET


Cet ouvrage rassemble les textes prononcés lors du colloque « La relation au lieu », organisé par le CEREAP (Centre d’Etudes et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques), à l’IUFM de Martinique les 15 et 16 décembre 2007. Ces interventions, dans leur diversité de ton et d’approche, s’appuyant parfois sur une mise en scène et un dispositif orchestrés par l’intervenant, relèvent d’approches disciplinaires complémentaires. Plasticiens, philosophes, critiques d’art, historiens d’art, sociologues, spécialistes de littérature créole, se sont succédés pour questionner le lieu, son importance et son influence sur les pratiques artistiques, littéraires et sociales.



Les lieux et les rencontres façonnent et transforment l’individu. Il s’en nourrit. Certains lieux nous troublent, nous fascinent, nous émeuvent, nous retiennent, d’autres nous procurent des sensations négatives. Dans ce cas, faute de mieux, on tente de supporter ce lieu tout en souhaitant s’en échapper, le quitter, le fuir. On se rêve ailleurs. On aspire à une autre vie dans un ailleurs acceptable, espéré, voire fantasmé. Le lieu laisse rarement indifférent. Il influe sur nous. Il est toujours silencieusement actif.


La découverte d’un espace, d’un territoire ou d’un pays, peut produire des effets imprévisibles, incontrôlés et incontrôlables. Il peut en naître, selon le degré d’impression, un trouble momentané, une vive émotion esthétique, une expérience marquante, une mutation durable, un basculement de vie. 


La relation au lieu renvoie à une expérience personnelle. Cette expérience résulte d’une immersion. Le lieu nous enveloppe, il nous pénètre. Son climat, ses couleurs, ses odeurs, son étendue, sa géographie, le rendent hospitalier ou hostile, plaisant ou désagréable. Cette expérience est de l’ordre du sensible, elle est subjective. Dans un même lieu, deux personnes peuvent éprouver des sensations inverses. Dans un lieu donné, une même personne peut éprouver, à des moments différents, des sentiments opposés. La relation au lieu est donc complexe.


Au travers du lieu se manifestent aussi une culture, une histoire, des traditions, des coutumes, des croyances, des usages. Autant d’aspects qui forment, constituent, façonnent, celui qui y naît et y grandit. Le lieu nous construit. Il renvoie donc autant au collectif qu’à l’individuel, à ce qui est en partage et à ce qui est personnel. Le lieu nous détermine. Il est déterminant.


Certains lieux nous habitent même lorsque nous nous trouvons hors d’eux. Nous les portons en nous, dans la profondeur de notre mémoire et de nos émotions comme dans l’épaisseur de notre culture. Nous sommes chargés de tous ces lieux qu’ils soient constitutifs de notre identité ou affectivement élus. Ils nous accompagnent dans nos déplacements, dans nos voyages, dans l’exil ; bref, dans l’ailleurs que nous pénétrons. Ils continuent souterrainement à nous travailler. Dans ce mouvement volontaire ou contraint nous découvrons et éprouvons naturellement d’autres lieux qui à leur tour influent sur nous.


Le lieu n’en finit pas de nous solliciter, encore faut-il que nous soyons réceptifs à ce qui en émane. Il s’agit de vivre le lieu de manière particulière, c’est-à-dire, de s’en imprégner, de ressentir la puissance qui s’en dégage, d’être attentif à ses moindres signes, à l’écoute des sons qu’il produit.

Le fait que ce colloque se soit tenu en Martinique n’est pas sans intérêt. Cette île a en effet fasciné de nombreux visiteurs comme Paul Gauguin qui y a séjourné quelques mois en 1887, de même qu’André Breton, André Masson et Wifredo Lam qui y passèrent trois semaines en 1941 . La Martinique est d’ailleurs au centre de quatre textes, l’un évoquant le conte créole, un autre retraçant la naissance d’un quartier populaire de Fort-de-France : Bô-kannal, les deux autres témoignant de la pratique artistique de deux plasticiens martiniquais qui réalisent des œuvres intimement liées au lieu dans lequel ou pour lequel elles ont été réalisées. Cet ouvrage nous entraîne aussi dans d’autres régions du monde comme le Japon, la Chine, la Corée, le Tibet, ou encore le Brésil et le Mexique. Une multiplicité donc de lieux, offrant des prolongements artistiques insolites et ouvrant sur de stimulantes réflexions.

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