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Sommaire

 

 

Avant-propos

Dominique BERTHET



L’imprévisible et la rencontre
Dominique BERTHET



L’imprévisible devenir de l’œuvre
Lise BROSSARD



Réceptivité horizontale
Alain CHAREYRE-MEJAN



La « logique » de l’imprévisible                                                      
Dominique CHATEAU



Le bleu du ciel et la guerre des aubergines.
Notes sur l’imprévisible dans le procès de création d’images en mouvement
Richard CONTE



Le Conservatoire des aléas
Franck DORIAC



L’imprévisible dans l’architecture maniériste

de Giulio Romano

Hugues HENRI



Geschichte wird gemacht !
(Dé-)constructions d’un futur imprévisible
Marion HOHLFELDT



Improvisation sur l’imprévisible
Marc JIMENEZ



Métissage plastique : de l’œuvre imprévisible
Khalil M’RABET



Le chaos poétique chez Édouard Glissant

Manuel NORVAT


L’artiste, un entrepreneur au service de l’imprévisible
Bruno PEDURAND



L’imprévisible et l’incertain
Bruno PEQUIGNOT



Remarques sur le rôle de l’imprévisible dans le processus de création
SENTIER



L’imprévisible chez Tomás Gutiérrez Alea,
le cas de  La ultima cena (1976)
Yolande-Salomé TOUMSON



Présentation des auteurs

Actes n° 14

L'imprévisible dans l'art 

Avant-propos

 


Dominique BERTHET


Ce volume rassemble les textes prononcés lors du colloque organisé par le CEREAP (Centre d’Études et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques) à l’IUFM de Martinique, les 5 et 6 décembre 2009. Ce centre de recherches de l’Université des Antilles et de la Guyane en partenariat avec des laboratoires de l’Université de Paris 1(LETA et CERAP) et de l’Université de Provence (LESA) organisait ainsi son 14° colloque.


Il s’agissait d’interroger une notion complexe : l’imprévisible. Philosophes, sociologues, historiens de l’art, plasticiens, spécialistes de littérature et de cinéma caribéens, ont apporté leur éclairage sur cette notion. Ces communications s’inscrivent dans le prolongement d’une publication parue en octobre 2009 sur la même thématique. La revue Recherches en Esthétique, organe éditorial du CEREAP, venait en effet de publier son 15° numéro sur ce thème . Le présent volume étend ainsi la réflexion et présente des réflexions à la fois inédites et complémentaires à celles publiées dans cette revue. 



L’imprévisible, dont on découvrira dans les pages qui suivent toute la richesse et les implications, est un facteur perturbateur puisqu’il introduit une donnée nouvelle qui ruine toute prédiction. Qu’elle se fasse au moyen de la divination, de l’intuition ou d’un moyen occulte, la prédiction est une façon de se rassurer face à l’inconnu. Elle est porteuse d’une illusion : contrôler l’incontrôlable. La prédiction relevant de raisonne-ments ou d’inductions scientifiques n’est pas moins incertaine. Innombrables sont les fois où nous avons constaté que les choses ne se passaient pas comme prévu, comme imaginé, a fortiori comme souhaité. À quoi bon se projeter, pourrait-on se demander, puisque rien ne se passe exactement comme on l’a envisagé ? Nous sommes confrontés à l’incertitude. La seule certitude que nous puissions avoir est celle de notre fin inéluctable. Pour le reste…


Dans une société où tout serait contrôlé, où la prévision serait systématisée, l’imprévisible serait évidemment un danger. Dans Nous autres de Zamiatine, dans Le Meilleur des mondes d’Huxley ou dans 1984 d’Orwell, ces sociétés décrites, terri-fiantes d’ordre et de stabilité, sont organisées de sorte à ne laisser aucune place à l’imprévisible, au surgissement de la surprise. Nos sociétés, quant à elles, sous couvert de protection et de sécurité, tentent de réguler, surveiller, délimiter, cloisonner. Elles essaient de juguler ce qui leur échappe, ce qui risque de les déstabiliser. D’un point de vue plus individuel, on peut rester démuni devant l’imprévisible ou au contraire faire preuve d’adaptation. L’existence est une expérience permanente de l’imprévisible et il faut apprendre à vivre avec. Certains créateurs comme les surréalistes ont envisagé la vie, précisément comme ouverte à l’imprévu, au hasard et aux rencontres.


Dans le domaine artistique, l’approche de l’imprévisible n’est donc pas nécessairement envisagée de manière inquiétante, voire négative. L’inconnu, l’inattendu, le déconcertant, le déroutant, le dérèglement des habitudes, la perturbation, peuvent être en art des stimulants, donnant lieu à de nouvelles expérimentations, des réorientations, de nouveaux élans. L’art parfois se nourrit des aléas, de ce qui n’est pas prévu, des accidents, des regimbements pour reprendre un terme cher à Jean Dubuffet. L’incontrôlé, l’imprévisible, l’aléatoire peuvent être des moteurs de création. Il s’agit alors d’accepter leur surgissement et de s’en servir.



L’intervention d’une donnée ou d’un fait imprévisible peut provoquer un tournant décisif, un renversement de situation, une rupture. Il s’agit d’un surgissement, d’une intrusion dans l’ordinaire, l’habituel, le connu. L’imprévisible se manifeste dans le présent et, naturellement, il est associé au futur. L’art comme la vie sont faits d’instants et d’événements imprévisibles. Il est à la fois inquiétant, troublant, mystérieux, incontournable et déterminant.

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