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Sommaire

Avant-propos

Dominique BERTHET

 

I – L’intention, l’incertitude, le hasard

 

Bruno PEQUIGNOT, « Tout hasard doit être banni de l’œuvre moderne et n’y peut être que feint »

Jacinto LAGEIRA, Incertitude, opportunité, vagueur (ensemble ou séparément)

Fabienne BRUGERE, Le hasard ou la haine du système. À partir de « Soulèvements » au Musée du Jeu de Paume

Dominique BERTHET, La part du hasard, entre autres, dans la création artistique

II – Pratiques artistiques et hasard

Catherine KIRCHNER-BLANCHARD, Du hasard à la sérendipité

Christophe VIART, Les retrouvailles du hasard

Sandrine MORSILLO, Déplacements sans dessein entre automatisme et lignes hasardeuses

  

Scarlett JESUS, Entre imperméabilité et ouverture au hasard : les voies de la création artistique contemporaine en Guadeloupe

Olivia BERTHON, L’installation aux Antilles : une œuvre imprévisible

Anne-Catherine BERRY, La part du hasard dans la démarche artistique de François Piquet

III – Expériences de la contingence et du hasard

Antoine POUPEL avec Anne-Marie SUDRY, Les hasards de la vie changent-ils le parcours et l’œuvre ?

Alain JOSEPHINE, La posture de l’éveil

Florence POIRIER-NKPA, Le hasard c’est l’Autre

Présentation des auteurs

Actes n° 21

Le hasard dans l'art  

Avant-propos

 

 

Dominique BERTHET

 

    Ce volume rassemble les communications qui ont été prononcées lors d’un colloque organisé par le CEREAP[1], qui s’est tenu en Guadeloupe, en novembre 2016. Au cours de ces deux jours se sont succédé des universitaires (philosophes de l’art, sociologues de l’art, plasticiens) des Antilles et de l’Hexagone, des doctorants, des critiques d’art ainsi que des artistes. 

    Le thème du colloque « Art et hasard » laissait supposer que ces deux termes peuvent être liés, en ce sens qu’il peut y avoir dans la création artistique la présence d’une part de hasard. Dans la vie quotidienne, le hasard en tant que ce qui relève de l’imprévisible, de l’incontrôlé, de l’inattendu, peut avoir quelque chose d’inquiétant. On le redoute, comme tout ce qui échappe à la prévision. Ce qui est contrôlé et maîtrisé est considéré comme plus sécurisant. Nos sociétés vont d’ailleurs vers toujours plus de sécurité et de contrôle.  

    Ce qui dans la vie peut donc poser problème s’envisage d’une autre façon dans le processus créateur. En effet, nombreux sont les artistes qui admettent que le hasard ou encore l’accident influe sur leur pratique. Ce qui explique d’ailleurs que le résultat final ne correspond jamais exactement à l’intention initiale. Entre l’idée de départ et la réalisation aboutie existe un monde incertain, celui de l’élaboration, de la construction, de la mise en forme avec son lot de surprises, de difficultés, d’imprévus. Quel serait l’intérêt de la création si l’on savait exactement quel en serait le résultat ? Différents artistes parlent de ce temps et du travail de réalisation comme une lutte avec la matière, le support, les outils, etc.

    Par ailleurs, il convient de noter que derrière le terme hasard, tous les créateurs ne mettent pas le même sens. Outre ceux qui ont l’illusion de tout contrôler, et ne reconnaissent pas l’intervention du hasard, les autres observent ce phénomène surgir, le laissent opérer, s’en accommodent, ou au contraire tentent de le diriger. Certains, comme les dadaïstes l’ont utilisé comme méthode, y voyant une façon de se libérer de la maîtrise, de la technique, du savoir-faire. Le hasard devient un moyen de lâcher prise, de s’émanciper et de se libérer de la raison. D’autres comme les surréalistes l’envisagent comme une manifestation du désir et de la nécessité, André Breton parle de « hasard objectif ». D’autres encore, à l’instar de Jean Dubuffet, l’envisagent comme un accident favorable qu’il convient de prendre en compte et d’utiliser.  

    La question de l’intervention du hasard concerne donc l’acte de créer et la façon dont l’artiste en tire profit, ou non. Dans l’usage qui en est fait, deux choix au moins s’opèrent. Celui consistant à accepter entièrement ce que le hasard produit et ne pas y revenir, considérant le résultat comme satisfaisant et définitif (ce fut le cas par exemple de Jean Arp qui faisait du hasard sa matière première) ; ou, au contraire, celui visant à adapter cette manifestation de l’incontrôlé au gré d’un but recherché. C’est le créateur qui, évidemment, décide du sort qu’il entend réserver au hasard. Denys Riout le dit ainsi : « L’artiste conserve toujours un rôle déterminant : il prend ou non des dispositions susceptibles de laisser le hasard se manifester, il accepte ou rejette les résultats obtenus et il assume sa responsabilité en les signant de son nom »[2]. La signature apposée sur l’œuvre est en effet l’indication de son achèvement, du moins aux yeux de son auteur, et d’une certaine satisfaction faisant que l’on en reconnaît et que l’on en revendique la paternité.

    Ce volume est divisé en trois parties : « L’intention, l’incertitude, le hasard », « Pratiques artistiques et hasard », « Expériences de la contingence et du hasard ». Celles-ci traitent précisément de ces différents aspects au travers d’approches théoriques et conceptuelles pour certaines, en prenant appui sur des exemples précis d’artistes ou de courants artistiques pour d’autres, la dernière partie apportant le témoignage d’artistes qui expliquent la façon dont la question de la contingence et du hasard intervient dans leur propre pratique photographique et plastique.

[1] Centre d’Études et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques, équipe interne du laboratoire CRILLASH depuis 2011, Université des Antilles.

[2] Denys Riout, Qu’est-ce que l’art moderne ?, Paris, Gallimard, coll. « folio essais », 2000, p. 307.

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