AVANT-PROPOS 

 

Dominique Berthet

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Les 8 et 9 décembre 2001, se tenait le septième colloque du C.E.R.E.A.P. (Centre d'Etudes et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques). A cette occasion, des intervenants d'horizons géographiques et disciplinaires divers ainsi que des artistes, étaient rassemblés pour interroger les notions de « Marge(s) » et de « Périphérie(s) » ; deux notions qui renvoient évidemment à une troisième qui les détermine : le « centre ». Les questions que soulèvent ces termes n'ont rien perdu de leur actualité et demeurent très sensibles.



Si le centre désigne le référent, le point de repère, un lieu à partir duquel on se situe, il désigne aussi un espace dominant, décisionnel et rayonnant (par imposition ou de façon plus souterraine). Si ces trois notions peuvent être traitées d'un point de vue spatial et topographique, elles peuvent aussi l'être d'un point de vue culturel, social, économique et politique. Ces notions, on le sait, ont des aspects, des implications et des enjeux multiples et complexes. Les débats, voire les combats, que suscite par exemple la tentative de globalisation, le montrent bien. C'est souvent en terme de dominé / dominant que les choses se posent et se vivent et donc, par voie de conséquence, en terme de résistance. Comment les cultures réagissent-elles face au phénomène de mondialisation ? Comment les périphéries et les marges vivent-elles leur position ? Comment se pensent-elles ? Quelles sont leurs aspirations ? De plus, qu'en est-il des artistes qui vivent dans ces espaces et dans ces régions ? Quelle est leur réalité ? Quel est leur regard ? Quelles influences cela a-t-il sur leur pratique ? Quelles difficultés rencontrent-ils ?



Ce colloque ne s'est pas tenu dans un espace réputé du centre, comme par exemple une des capitales occidentales, mais, précisément, au sein d'une périphérie. C'est même dans une région dite « ultramarine » ou encore « ultra-périphérique » que ce colloque a eu lieu et, pour être plus précis, à Fort-de-France, en Martinique[1]. Ce faisant, les propos qui en résultent ont un ton singulier et un contenu particulier.



C'est donc d'une région ultra-périphérique que ces réflexions viennent, c'est-à-dire au cœur à la fois de l'en dehors, du lointain, de l'ailleurs, mais aussi au cœur d'un centre… Car tout est question de point de vue. Rappelons que le lieu détermine une pensée et un rapport au monde. Le regard que l'on porte sur les choses, de même que la conception que l'on a des choses sont liés à l'environnement dans lequel on se trouve et dans lequel on évolue. Telle est bien la complexité des termes qui sont analysés ici.



De quelle nature sont les limites qui donnent existence aux différents espaces, aux différentes zones, aux différents mondes ? Quelle est leur légitimité ? Par ailleurs, la notion de limite n'inclut-elle pas l'idée de passage, de franchissement, de porosité ? Autant de questions auxquelles ces communications tentent de répondre et qui obligent à repenser notre rapport au monde et à l'autre.



Ces réflexions contribuent à montrer, une nouvelle fois, que l'art et l'esthétique ne sont pas coupés du politique, qu'ils ne sont pas imperméables au contexte et aux événements.



Ajoutons enfin que ces textes viennent compléter les réflexions publiées dans le numéro 7 de la revue Recherches en Esthétique, paru en octobre 2001, sur le thème « Marge(s) et périphérie (s) »[2]. Ce volume contribue ainsi à élargir les approches et enrichir le débat ouvert dans cette revue.



[1] Ce colloque s'est tenu à l'IUFM de la Martinique.

[2] Recherches en Esthétique, n° 7, « Marge(s) et Périphérie(s) », octobre 2001.