top of page

TABLE DES MATIERES

 

Avant-Propos  : Dominique BERTHET



Dominique BERTHET

L'audace artistique en question


Christian BRACY

Au risque de l'audace

 
Lise BROSSARD

Audace et citation 


Aline DALLIER

Transgression et extension des frontières de l'art


Hugues HENRI

Paul Chemetov : un architecte rebelle ?


Jean-Louis JOACHIM

La Havane selon Pedro Juan Gutiérrez


Giovanni JOPPOLO

L'audace, l'effort


Alain JOSEPHINE

James Carter : Une poétique de l'audace ?

 
Hervé Pierre LAMBERT

Lectures de La Ruptura


Frank POPPER

L'option technologique dans l'art, un pari audacieux 


Fabienne POURTEIN

Créolisation, culture et politique 


Claudine ROMEO

Le goût de Bourdieu 



Jocelyn VALTON

L'époque - Le lieu - L'obscène - L'audace


Notes sur les auteurs

Actes n° 8

L'audace en art 

Avant-propos

 

Dominique Berthet

Les textes rassemblés dans ce volume sont issus d'un colloque organisé en décembre 2002 par le Centre d'Etudes et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques (CEREAP)[1], sur le thème « L'audace en art ». La thématique de ce huitième colloque organisé sous l'égide de ce centre de recherches, prolongeait une série de réflexions publiée quelques mois auparavant dans la revue Recherches en Esthétique[2]. Ces communications, loin de répéter ce qui fut publié, offrent au contraire de nouveaux questionnements, de nouvelles perspectives, d'autres points de vue. Etaient rassemblés pour l'occasion des artistes, des critiques et des universitaires des Antilles et de France.

Ce thème a permis aux différents intervenants d'interroger plusieurs domaines : les arts plastiques, l'architecture, la musique, la littérature, l'esthétique, la philosophie ; de questionner l'audace dans la diversité de ses formes, des domaines et des époques. L'objectif était, au travers de certains cas, aspects, et pratiques, de tenter d'apporter des éclairages sur cette notion, somme toute complexe. Qu'est-ce que l'audace en art ? Quand y a-t-il audace ? Comment se manifeste-t-elle ? Quels en sont les enjeux ? Faut-il être absolument audacieux ? Quels types de réaction l'audace suscite-t-elle ? C'est entre autres à ces questions que ces différents textes, tentent de répondre. Le lecteur attentif observera peut-être quelques divergences d'opinion ou au contraire des passerelles entre certains articles. La diversité des positions crée des débats et des échanges qui contribuent à vivifier la réflexion.

Posons d'emblée quelques préalables. L'art est envisagé ici comme un espace d'expression, voire de résistance, dans lequel il est possible d'oser, d'inventer, d'ironiser, de détourner, de provoquer, de critiquer, de perturber, d'exprimer un écart, de troubler. Guy Scarpetta, il y a une dizaine d'années, parlait de l'art comme d'un lieu de « stratégie de survie » dans lequel pouvait s'exprimer le trouble. A ses yeux, le trouble est ce qui « introduit dans le champ même de l'art (et de sa réception) un coefficient d'impureté ou de déstabilisation, ce qui triche avec les codes, ce qui perturbe l'orthodoxie, ce qui fissure les conformismes »[3]. Il s'agit d'un art qui produit de l'insaisissable, de l'imprévisible. Cet art « qui ne se laisse pas assigner à résidence : qui méconnaît délibérément les frontières, brouille les classifications, perturbe les codes établis »[4], relève de cette notion d'audace.

Dans le domaine artistique, l'audace prend des formes variées selon qu'elle transgresse des normes esthétiques ou « anesthétiques », selon qu'elle touche des questions de forme ou de contenu, selon qu'elle met en péril l'œuvre elle-même ou qu'elle brave des habitudes ou des principes.

Quoi qu'il en soit, l'audace est de son temps. Elle appartient à l'époque et au lieu dans lesquels elle se manifeste. Ce qui est audacieux aujourd'hui sera sans doute d'une grande banalité demain. L'audace est un défi du moment et une impertinence vis-à-vis d'un contexte donné. Provocation, trouble, transgression, elle contourne, déborde, détourne les normes esthétiques, les codes. Elle est un défi à l'esthétique et à l'idéologie dominantes.

Aussi, braver les conforts et les conformismes, les règles et les habitudes, la bienséance et la bien-pensance, n'est pas sans conséquences. Cela s'accompagne parfois, en retour, de critiques, de réactions, voire de condamnations. Dans le domaine de l'art et de la littérature, les exemples sont nombreux. Mais, aujourd'hui, qu'en est-il de l'audace ? Est-elle encore possible et si oui, sous quelles formes ?

Ce colloque questionne l'audace dans la diversité de ses formes, des domaines et des époques. Le passé et le présent entrent en dialogue pour tenter d'éclairer cette notion dont on s'accordera pour dire qu'elle relève du nécessaire. L'audace est salutaire, salvatrice. Elle est un sursaut devant l'ankylose et la répétition du même. Elle ouvre de nouveaux horizons. L'œuvre audacieuse marque une étape, elle devient une référence, un repère. L'histoire de l'art est ponctuée d'œuvres emblématiques qui ont fait scandale et qui, pour certaines, ont révolutionné les pratiques. Certaines sont évoquées ici dans toute leur efficacité transgressive.



[1] Ce colloque s'est tenu les 7 et 8 décembre 2002, à la médiathèque du Gosier, en Guadeloupe.
[2] Recherches en Esthétique n° 8, octobre 2002, « L'Audace », Fort-de-France
[3] Guy Scarpetta, « Le trouble », Art press , janvier 1993, p. 134.
[4] Idem, ibidem.

bottom of page