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Sommaire

 


Editorial : Dominique BERTHET



I – La transgression en question
Marc JIMENEZ, L’art de la transgression, entretien avec Dominique Berthet
Dominique CHATEAU, Autopsie d’une transgression
Michel GUÉRIN, Expérience des limites / Crise de l’expérience
Dominique BERTHET, Au risque de la transgression
Sébastien RONGIER, Scatologie et transgressions contemporaines
SENTIER, Les formes mises à nu



II – Œuvres et démarches transgressives
Jean-Marc LACHAUD, Brefs commentaires sur les images transgressives de Joël-Peter Witkin
Samia KASSAB-CHARFI, Traversées, transgressions de Marianne Catzaras.
Portraits et Déluges
Isabel NOGUEIRA, Image photographique, aura et transgression
Aline DALLIER-POPPER, Le transgresseur des confins de l’art. Hommage à Yves Klein (1928-1962)
Frank POPPER, Grégory Chatonsky et la transgression des codes esthétiques contemporains
Gisèle GRAMMARE, La Maison de l’Armateur, un lieu transgressif



III – Art et transgression en Caraïbe et au Brésil
Scarlett JESUS, Marron’art en Guadeloupe
Christian BRACY, Transgression(s) – Avancées et / ou régressions
Sophie RAVION D’INGIANNI, De quelques transgressions dans l’art cubain
Myrna GUERRERO VILLALONA, La transgression dans les Arts visuels en République Dominicaine
Hugues HENRI, Transgression et anthropophagie brésiliennes



IV – Rencontre avec Edgar Morin
Patrick CHAMOISEAU, Pour saluer M. Edgar Morin
Edgar Morin, Au cœur de l’engagement, entretien avec Dominique Berthet

V – NOTES DE LECTURE

PUBLICATIONS RECENTES

n° 18 Transgression(s) 

EDITORIAL

Ce 18° numéro de Recherches en Esthétique questionne la notion de « transgression(s) ». Le s qui accompagne ce terme laisse entendre qu’il y aurait de petites et de grandes transgressions. De même, indique-t-il qu’il y aurait différentes formes de transgression. Qu’est-ce que transgresser ? Passer par-dessus une loi, un ordre, une obligation. D’où les renvois synonymiques : désobéir, contrevenir, enfreindre, violer.


Qu’en est-il dans le domaine artistique ? L’idée générale reste la même, mais ce qui est de l’ordre de la déviance répréhensible dans la sphère sociale est plutôt, dans le cas de l’art, appréhendé comme source de renouvellement, de réorientation, d’invention, de nouveauté, d’audace. La dimension condamnable se transmue donc dans ce cas en une sorte de valeur ajoutée.
Les plus importantes et les plus radicales transgressions ont vu le jour avec l’art moderne, puis avec l’art contemporain. L’art du passé (antérieur au XIXe siècle) a connu lui aussi son lot de transgressions, mais il s’agissait de prises de liberté au sein d’une même forme et d’une même esthétique : l’esthétique de la mimésis. Les transgressions de l’art moderne et de l’art contemporain ont, quant à elles, bouleversé les codes esthétiques, repoussé les limites de l’art, reconfiguré la face de l’art.


Si la transgression fut le moteur de l’art moderne, a-t-elle les mêmes implications et enjeux dans l’art contemporain ? La situation est complexe et oblige à envisager les choses avec circonspection. L’art contemporain a certes lui aussi connu de nombreuses transgressions, mais ces dernières décennies ont également montré que la transgression n’est pas toujours une marque de rupture, de critique ou de résistance de la part des artistes et qu’elle est parfois aussi liée à des considérations commerciales. N’a-t-on pas aussi observé à un certain moment un encouragement à la transgression émanent de structures a priori peu enclines à apprécier, habituellement, les provocations artistiques ? Plus globalement, on peut aussi se demander quelle est la marge de manœuvre des artistes bénéficiant d’aides et de subventions ? Sont-ils en situation de pouvoir oser de véritables transgressions ? Se pose encore la question de la récupération par le « système » du potentiel de contestation de l’art et de remise en cause.


Par ailleurs, transgresser, y compris en art n’est pas sans risques et sans conséquence. L’actualité internationale nous montre bien que certaines transgressions artistiques, ont parfois d’importantes répercussions ; souvent d’ailleurs disproportionnées quand elles ne sont pas dramatiques.



Ce nouveau numéro de Recherches en Esthétique propose une vingtaine d’articles sur cette question délicate de la transgression. Plusieurs d’entre eux se font échos et se répondent alors même que les auteurs ne se sont pas concertés. De nombreux cas sont ici étudiés relevant des arts plastiques, de la photographie, des nouvelles technologies, etc., et qui concernent plusieurs régions du monde : l’Europe, le Maghreb, la Caraïbe, les Amériques. 


On pourra lire aussi en fin de volume un passionnant témoignage d’Edgar Morin dans lequel cette grande figure de la pensée française retrace son parcours et ses engagements. Il revient sur quelques-uns de ses principaux concepts comme ceux d’espérance et de reliance. Dans le contexte d’intolérance, de fanatisme religieux, d’exclusion de l’autre que nous connaissons, l’acuité de la pensée de cet auteur nous est d’un grand secours et nous montre « le chemin de l’espérance » .

 
Dominique Berthet

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