Sommaire
Éditorial : Dominique BERTHET
I – Collage, montage, assemblage
Marc JIMENEZ, entretien avec Dominique BERTHET, Hiéroglyphes du futur
Jean-Marc LACHAUD, Collages, montages, assemblages… Vers une esthétique de la non-cohérence !
Dominique BERTHET, Montage et assemblage : une esthétique du choc
Christian RUBY, Montage de part et d’autre
SENTIER, Le tragique dans l’assemblage
II – Montage et assemblage dans le cinéma
Dominique CHATEAU, Montage : un concept léniniste
Bruno PÉQUIGNOT, Montage / assemblage : dialectique vs mécanique
Sébastien RONGIER, « It’s all in your imagination », Alfred Hitchcock, Sublime Psycho
III – Montage, assemblage et diversité
Hélène SIRVEN, Esthétique des pièces montées d’Antonin Carême, assemblages délicieux
Laurette CÉLESTINE, L’univers de la sape : art de l’assemblage vestimentaire ou art de vivre ?
Steve GADET, Le Sampling ou l’art de l’échantillonnage dans la culture hip-hop : assemblage ou vol ?
Edu MONTEIRO, Parangolaamb
IV – Pratiques montagistes et assemblagistes (Sénégal, France, Québec)
Babacar Mbaye DIOP, Daouda Ndiaye, un artiste dans la transversalité des formes d’expression
Heiner WITTMANN, Du montage-livre aux assemblages mobiles de Michel Sicard, poète et plasticien
Bernard PAQUET, Monter la peinture à la recherche d’un milieu
V – Montage et assemblage en Caraïbe
Frédéric LEFRANÇOIS, Assemblage du paradigme proto-esthétique aux Amériques
Scarlett JÉSUS, Réflexions sur les notions de montage et d’assemblage à propos de quelques œuvres de trois artistes : Sébastien Jean, Eddy Firmin et Florence Poirier-Nkpa
Christian BRACY, Articulations, désarticulations, reformulations
Hugues HENRI, entretien avec Sophie RAVION D’INGIANNI, Hétérogénéité, discontinuité, assemblages et collages
Martine POTOCZNY, Assemblage, montage et métamorphoses : regards croisés sur les pratiques de Christophe Mert (Martinique) et de Kcho (Cuba)
VI – Dossier 13e biennale de Cuba
Lise BROSSARD, Sept jours à la 13e Biennale de La Havane
Anne-Catherine BERRY, Montage et assemblage à l’œuvre chez Richard-Viktor Sainsily Cayol (Guadeloupe) et Juan Roberto Diago Durruthy (Cuba) : un acte de résistance et de déconstruction
VI – NOTES DE LECTURE
PUBLICATIONS RÉCENTES
n° 25 Montage et assemblage
EDITORIAL
Si d’une manière générale le montage est associé au cinéma, en tant qu’addition « de morceaux tout faits » comme disait le cinéaste soviétique Eisenstein, il concerne naturellement d’autres arts dont la peinture, le collage, le photomontage, la photographie, les happenings, le théâtre, la danse, etc. Le montage permet d’organiser des rapports inédits, de créer des liens anachroniques entre des éléments hétéroclites et étrangers les uns autres. Il suppose des passages d’un monde à un autre, des pénétrations, des glissements. Il produit aussi bien des rapprochements que des écarts, il ouvre sur une multiplicité de possibles. Il est considéré comme une caractéristique de l’esthétique de la modernité tant il a été généralisé au cours du XXe siècle.
L’assemblage de son côté suppose une non-homogénéité. Il implique la juxtaposition, la superposition, l’accumulation, la simultanéité de structures et de matériaux divers. Il affirme aussi une rupture avec la conception illusionniste et donc classique de l’art. Il relève d’un travail de construction qui passe par des choix et renvoie à l’intention de l’artiste qui met en rapport des éléments hétérogènes. L’assemblage crée des dialogues et des tensions, des relations et des échos.
Le montage et l’assemblage ont recours à des fragments divers, fragments du monde, du réel, que l’artiste combine, associe, organise dans l’objectif de produire de la surprise, de l’étonnement, du non connu. L’objectif de ces procédés est de faire surgir l’insolite, l’inattendu.
Les textes rassemblés dans ce volume sont organisés en six sections et traitent du sujet selon des approches distinctes. La première partie rassemble des textes qui exposent les implications et les enjeux des pratiques collagistes, montagistes et assemblagistes au cours des XXe et XXIe siècles. La seconde partie est centrée sur le montage et l’assemblage au cinéma, à la fois au travers du cinéma soviétique et de celui d’Hitchcock. La partie suivante traite du thème au travers d’aspects pour le moins insolite tels que la pâtisserie, une certaine mode vestimentaire que pratiquent les dandys modernes congolais, le sampling dans la culture hip-hop, les points communs que l’on peut observer dans les costumes portés lors de danses et de luttes pratiquées au Sénégal, au Brésil et en Martinique. La quatrième partie traite de la pratique spécifique de trois artistes, l’un du Sénégal, l’autre de France, le troisième du Québec. Suivent des textes centrant cette thématique sur des artistes de la Caraïbe, plus précisément : la Martinique, la Guadeloupe, Cuba. La dernière partie est consacrée à la XIIIe biennale de Cuba qui s’est tenue à La Havane en avril-mai 2019 et où se sont rendus plusieurs collaborateurs de Recherches en Esthétique.
Ce numéro 25 est, de plus, un numéro particulier puisqu’il marque les 25 ans de la revue. Les revues en général, du moins pour ce qui est de la France, ont rarement une durée de vie très longue. Elles rencontrent différentes difficultés qui aboutissent à interrompre leur dynamique de publication. Recherches en Esthétique, pour marquer un quart de siècle d’existence, sort à cette occasion une série limitée de 70 exemplaires (sur les 700 exemplaires publiés) placés chacun dans un coffret comprenant une œuvre de dix artistes, cinq de Martinique et cinq autres de Guadeloupe. Chacun des coffrets comprend donc (en plus de revue) dix œuvres uniques, signées, spécialement réalisées pour l’occasion par dix artistes qui ont accepté, en soutien à la revue, de faire don de leur temps et de leurs créations. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés. Ces artistes viennent s’ajouter aux dix premiers qui avaient, selon le même principe, lors des vingt ans de la revue, produits des œuvres spécifiques, réunies dans un portfolio. Ce nouveau témoignage de soutien montre que cette revue n’est pas déconnectée du monde de l’art et des artistes, et que l’aventure qu’elle poursuit en tant que laboratoire de réflexion contribue à fédérer, à créer des rencontres intellectuelles et artistiques particulièrement stimulantes.
Dominique Berthet