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Sommaire

Éditorial : Dominique BERTHET

I –  IDENTIFICATION DES RISQUES DE L’ART

Marc JIMENEZ, entretien avec Dominique BERTHET, Le culturel : une assurance artistique tous risques

Bruno PÉQUIGNOT, Les arts : identification du risque

Christian RUBY, Spectare aude !

Jean-Marc LACHAUD, L’art, au risque de la moralisation ambiante 

Laurent MARTIN, « Vous n’êtes pas seuls ! » Les organisations internationales et l’aide aux artistes persécuté.e.s

Dominique CHATEAU, La conversion à l’art

Dominique BERTHET, La permanence du risque

 

II – PRATIQUES DU RISQUE

Richard CONTE, Après la catastrophe, risquer le merveilleux

Pierre JUHASZ, Figures du risque dans l’œuvre d’Antoine d’Agata

Jérôme GULON alias MOREJE, entretien avec Hélène SIRVEN, Risque et légèreté

Laurent BERNAT, Le chanteur dans ses prises de risque

 

III – AU RISQUE DES ARTS MODERNE ET CONTEMPORAIN

Gisèle GRAMMARE, Au risque de l’abstraction

Hugues HENRI, John Heartfield ou les risques de l’engagement artistique en Allemagne, pendant l’entre-deux-guerres

André Eric LÉTOURNEAU, Manœuvres géotransgressives : le risque comme matériau d’agentivité en art action

Christiane WAGNER, L’idéal du Beau au risque de l’art contemporain.

L’expérience esthétique sous l’effet des médias

Isabel NOGUEIRA, La provocation et le risque de l’art contemporain : bref essai sur la critique d’art et le jugement de goût

 

IV – LES RISQUES EN ART DANS LA CARAÏBE

Christelle LOZÈRE, Montrer le risque aux Antilles : artistes et catastrophes naturelles dans l’histoire de l’art du XXe siècle

Sophie RAVION D’INGIANNI, Derrière ces images, le risque de voir et de comprendre…

Christian BRACY, Les conscrits et les proscrits

Scarlett JÉSUS, Risque(s) et émergence du Net Art en Guadeloupe

Chantaléa COMMIN, entretien avec Dominique BERTHET, L’enfant mort

 

V – NOTES DE LECTURE

PUBLICATIONS RÉCENTES

n° 27 Les risques de l'art

EDITORIAL

    Ce nouveau numéro de Recherches en Esthétique aborde la question de la prise de risque dans le domaine artistique. La formulation « Les risques de l’art » qui constitue le titre de ce numéro sous-entend plusieurs pistes de réflexion. L’art du risque, le risque en art[1], au risque de l’art, l’éloge du risque, etc. sont de possibles entrées dans ce sujet aux nombreuses implications. Un certain nombre de questions se posent : la prise de risque est-elle inhérente à la création ? L’art est-il dangereux ? Si oui, en quoi et pour qui ? La prise de risque est-elle comparable selon les époques et les cultures ? Y a-t-il des degrés dans la prise de risque ? Le risque peut-il être calculé ou est-il imprévisible ? La liste naturellement n’est pas close. Les implications et les enjeux de ce thème sont particulièrement riches. Le présent volume traite entre autres de ces questions.

    On peut considérer que la prise de risques pour se situe au moins à deux moments. Tout d’abord, lors de la création, lorsque l’artiste expérimente, tente un nouveau geste, ose de nouvelles pratiques, lorsqu’il explore de nouvelles pistes. Surgit alors l’imprévu, l’inattendu, le hasard. Le risque se situe dans la nouveauté, dans la première fois. Ce qui revient à dire que la création est souvent une prise de risque dès lors que l’on s’écarte de ce que l’on maîtrise. Ce qui fait de la pratique artistique une aventure, et comme toute aventure, elle comprend une part plus ou moins importante de risque. Dans le cas de la création, certains risques sont calculés, tandis que d’autres sont imprévisibles. Certains risques sont faibles et d’autres démesurés.

    La seconde prise de risque se situe au moment de la rencontre entre l’œuvre et le public. À ce moment-là, l’œuvre échappe à son créateur, de même que la réaction du regardeur. Il semble bien que le risque encouru soit difficilement évaluable. Tout dépend en réalité d’un certain nombre de paramètres que l’artiste ne mesure pas dès lors que son projet n’est pas ouvertement de provoquer le public. Ces paramètres sont liés au contexte d’exposition, à la susceptibilité d’une certaine catégorie de public au regard de ces croyances, aux différentes cultures, à une époque donnée, aux variables politiques, etc. Ces paramètres sont nombreux et parfois imprévisibles.

    Si les réactions peuvent être vives, voire extrêmes, c’est qu’aux yeux de certains, l’art est potentiellement dangereux. Dès lors qu’il ne répond pas à l’horizon d’attente d’un certain public, il dérange, trouble, perturbe, déstabilise. Il peut être également jugé dangereux à l’échelle d’un État, lorsqu’il est considéré comme une force de contestation susceptible de mettre le pouvoir en difficulté, voire en danger. 

    Si le risque concerne donc l’artiste au cours de l’élaboration de son œuvre, puis au(x) moment(s) de la réception de celle-ci, le récepteur lui aussi peut considérer l’œuvre comme un risque (en tant que danger) vis-à-vis de ses croyances (par exemple religieuses) ou de la pérennité et de la stabilité de son pouvoir (politique).

    La question du risque touche également d’autres aspects et d’autres acteurs du milieu de l’art. Le critique d’art n’est pas épargné. Il est lui aussi, au travers de son approche et de ce qu’il écrit dans une prise de risque vis-à-vis de l’œuvre, de l’artiste, du public. Le collectionneur ne fait pas exception, a fortiori si la constitution de sa collection a une visée spéculative. Le directeur de musée, pour sa part, a bien conscience des risques de vandalisme encourus par les œuvres dont il a la responsabilité. Le récent ouvrage d’Anne Bessette sur le vandalisme des œuvres d’art dans les musées d’Europe et d’Amérique du Nord depuis 1970[2] est, à ce sujet, tout à fait éclairant. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les œuvres conservées et présentées dans les musées ne sont pas à l’abri de malveillances, de dégradations, voire de destructions.

 

    Ce 27e numéro rassemble vingt et un textes et entretiens d’universitaires, de critiques d’art et d’artistes des Antilles, de France, du Brésil, du Portugal et du Québec. Comme dans chacun des numéros précédents, cette revue poursuit son travail de rencontre et de dialogue entre les auteurs, les espaces géographiques et les cultures. Elle demeure un laboratoire de pensée qui tisse des liens, crée des correspondances, des passerelles, des échos. Cette pensée en acte qui alimente chaque numéro témoigne d’une actualité de la réflexion.

 

Dominique Berthet

 

[1] Ce sujet a par exemple été traité dans un ouvrage collectif dirigé par Marc Jimenez : Le risque en art, Paris Klincksieck, coll. « L’université des arts », 2000.

[2] Anne Bessette, Du vandalisme d’œuvres d’art, Paris, L’Harmattan, coll. « Lauréats – Prix scientifiques L’Harmattan », 2021.

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