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Sommaire

 

Éditorial : Dominique BERTHET

 

I –  APPROCHES DU TEMPS

Dominique CHATEAU, De temps en temps, et réciproquement

Christian RUBY, Un feuilleté temporel labyrinthique

Bruno PÉQUIGNOT, « Le temps ne fait rien à l’affaire »

Michel GUÉRIN, L’art n’a qu’un temps

 

II – TEMPS ET POÏÉTIQUE

Alain JOSÉPHINE, Le temps à l’œuvre : une expérience de la discontinuité dans le processus de création picturale

Richard CONTE, Le temps a fait son œuvre

Jean-Ambroise VESAC, Déplier le temps quantique dans l’expérience sonore

 

III – CINÉMA, ARCHITECTURE, OBJETS À L’ÉPREUVE DU TEMPS

Sébastien RONGIER, La mélancolie, ou le temps des fantômes

Pedro HUSSAK, Le symptôme Limite

Hugues HENRI, Temps et architecture

Laurette CÉLESTINE, Restauration et réparation : les objets d’art et utilitaires africains à l’épreuve du temps

 

IV – LE TEMPS DANS L’ART

Dominique BERTHET, Capter le temps qui s’écoule : un défi artistique

Catherine DESPRATS-PÉQUIGNOT, Opalka – Du temps du vécu à la mise en œuvre des temps

Gisèle GRAMMARE, Le temps, le lieu et l’œuvre                      

André Éric LÉTOURNEAU,  Moments-clés et lieux-clés : les modes de temporalité dans les performances géotransgressives de GOODW.Y.N.

Hélène SIRVEN, Breaking News : le temps Motti

Gianni MOTTI, extraits d’un entretien avec Hélène SIRVEN, Gianni Motti en temps et en heure

Pierre JUHASZ, Figures du temps, figures de l’ins-temps

 

V – L’ART ET LE TEMPS EN CARAÏBE

Christelle LOZÈRE, Construire l’histoire de l’art des Antilles avant 1946. Penser les temps et les ruptures

Scarlett JÉSUS, Aéroport pôle Caraïbes. Embarquement pour un « Voyage intérieur »

Minakshi CARIEN, Tessa Alexander, une carte matriarcale dans une approche décentrée

Selim LANDER, Gilles Rieu et la mémoire

Christian BRACY, Le temps du désir, d’une affirmation, et le temps d’une impuissance…

Kelly SINNAPAH MARY, entretien avec Dominique BERTHET, Traverser le monde

VI – NOTES DE LECTURE

PUBLICATIONS RÉCENTES

n° 30 Le temps

EDITORIAL

Dominique Berthet

   Le temps, donnée fondamentale de l’existence humaine, est aussi une notion importante en esthétique et dans le domaine artistique. Le temps qui nous inscrit dans une durée de vie plus ou moins longue, mais de toute manière limitée, ne cesse de nous tourmenter. L’avant, le présent, l’après, disent un mouvement régulier, irrémédiable, irréversible. Depuis les temps les plus anciens, les philosophes n’ont cessé de réfléchir sur ce phénomène incontrôlable, inéluctable, auquel on ne peut se soustraire. Si l’on se réfère aux créations artistiques et littéraires du passé et du présent, il est indéniable que le temps (et son écoulement) a été, au cours des siècles, une source d’inspiration permanente pour les artistes et les écrivains, ce qui en fait un « objet » esthétique, un objet de réflexion et de création. 

  Certains arts s’inscrivent de fait dans le temps comme la musique, la danse, la performance, le théâtre, le cinéma, l’opéra. Ces arts du temps ont une durée limitée, même si certaines œuvres sont un éloge du temps long, comme les films d’Andy Warhol, Sleep (1963), d’une durée de 5 heures 21 minutes et Empire (1964), de 6 heures 36 minutes tourné en 24 images seconde, mais projeté en 16 images seconde sur une durée d’environ 8 heures et 5 minutes. Dans le domaine du théâtre, citons Le Soulier de Satin de Paul Claudel, mis en scène par Antoine Vitez, d’une durée de 11 heures, joué dans la Cour d’honneur du Palais des Papes lors du Festival d’Avignon en 1987. Enfin, évoquons cette prouesse technique qu’est la vidéo de Christian Marclay, The Clock (2010) d’une durée de 24 heures qui a remporté un Lion d’or, lors de la Biennale d’art contemporain de Venise, en 2011.

   Le temps intervient également dans la conservation des œuvres. Certaines peintures du passé, par exemple, traversent mal le temps. Les couleurs s’assombrissent, la surface se craquelle, les œuvres réagissent aux effets climatiques. La conservation des œuvres anciennes et leur restauration sont une réelle préoccupation. Une partie de l’art contemporain, quant à lui, s’inscrit au contraire dans le temps court, au travers d’œuvres éphémères, envisageant l’altération, la détérioration, voire la destruction et la disparition de celles-ci. D’autres artistes comme Roman Opalka avec ses chiffres et ses photographies ou Christian Jaccard avec ses nœuds ont cherché à donner une matérialité et une visibilité au temps qui s’écoule. Certains matériaux et alliages comme le marbre ou le bronze résistent au temps, tandis que d’autres, plus fragiles, en subissent les effets.

   Les œuvres sont à la fois temporelles et atemporelles. Leur réception questionne. Karl Marx, par exemple, se posait la question de leur atemporalité, se demandant pourquoi certaines œuvres du passé continuaient à avoir un impact esthétique chez les récepteurs d’une époque postérieure. On sait aussi que les œuvres, en général, survivent à leurs auteurs. Celles-ci continuent à exister au-delà du temps de vie de leur créateur et, en conséquence, permettent à ce dernier de traverser le temps.

   Sans souci d’exhaustivité, évoquons pour finir les représentations du temps à travers divers symboles comme le sablier, l’horloge, le crâne humain, ou les expressions du temps dans toute leur diversité, comme le mouvement, le déplacement dans l’espace, l’action, le surgissement de l’imprévisible, la dégradation, le vieillissement, etc. 

 

   Cette question du temps, traitée dans les 24 textes qui composent ce volume explorant différents domaines comme le cinéma, la peinture, l’art numérique, l’architecture, la sculpture, la performance, etc., a été savamment choisie, car ce 30e numéro de Recherches en Esthétique fête ses 30 ans d’existence. Cette longévité, dont on peut espérer qu’elle se poursuive encore quelques années, est le fruit d’un travail soutenu, de collaborations fidèles (pour certaines datant du premier numéro), complétées par l’arrivée d’auteurs nouveaux qui apportent de nouvelles énergies. Il y a plus de trente ans, lorsque je me suis lancé dans le projet de créer cette revue, je n’imaginais évidemment pas qu’elle traverserait plusieurs décennies. Il fallut trouver des soutiens financiers sans lesquels elle n’aurait pu voir le jour ni continuer de paraître. Qu’ils en soient ici remerciés chaleureusement, ainsi que toutes celles et tous ceux qui apportent de différentes façons leur soutien pour que cette aventure puisse se poursuivre.

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