Errance, terme auquel il convient d'accorder immédiatement le pluriel tant ses aspects sont multiples, Errances donc, est le thème traité dans cette nouvelle livraison de Recherches en Esthétique ; un pluriel nécessaire ouvert sur une multitude d'expériences et de pratiques dont quelques-unes sont ici évoquées, analysées et explorées. Comme toujours, il a été donné aux collaborateurs de ce numéro entière liberté pour aborder cette notion ; d'où sans doute cette grande richesse des sujets traités.

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Ce terme porte en lui une ambiguïté. Il symbolise le pire (la perte de soi) ou le meilleur (en tant qu'éloge de l'imprévu). Tout dépend du point de vue à partir duquel il est envisagé. Ce numéro n'a pas pour objet de vanter ou de condamner l'errance, mais de tenter des réponses possibles aux questions : qu'est-ce que l'errance ? Quelles sont ses manifestations ? S'agit-il d'une absence de finalité ? D'une perte de sens ? D'une poétique ou encore d'une maladie du lieu ? Déperdition, dépossession ou démarche initiatique, manière de vivre un idéal ? Egarement ou prémisses d'une démarche créatrice ? Simple déplacement ou quête de quelque chose ? Les textes publiés dans ce volume entretiennent entre eux des dialogues aussi féconds qu'inattendus. Il n'est pas rare de trouver des passerelles, des prolongements ou des associations entre eux.

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A la diversité des approches s'ajoute la diversité des domaines traités. Ce numéro, une fois encore, contribue à croiser les points de vue et les domaines. Chacun, en fonction de ses pôles d'intérêt y trouvera de quoi nourrir sa curiosité et sa réflexion. Les domaines questionnés couvrent un large registre puisqu'il y est question bien sûr d'esthétique et d'arts plastiques, mais aussi de photographie, de littérature, de poésie, de cinéma, de bande dessinée, de musique ainsi que des arts du spectacle. Un tour d'horizon exhaustif serait aussi vain que fastidieux, contentons-nous d'évoquer simplement quelques noms : C. D. Friedrich, Nicolas de Staël, Shiro Takatani pour les arts plastiques, avec Bruce Nauman et Chris Marker en vidéo ; Charlie Chaplin, Agnès Varda, Jerry Schatzberg pour le cinéma ; Jeff Wall, Raymond Depardon, Jean-Marc Bustamante pour la photographie, Winsor McCay pour la BD, etc. On croisera aussi pour ce qui est de la philosophie les figures de Nietzsche, Heidegger, Adorno, Benjamin, Bloch, Deleuze, etc., et pour la poésie : Rilke ou les poètes de la Beat generation.

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Comme dans les précédents numéros de Recherches en Esthétique une place importante est accordée aux artistes contemporains et en particulier à ceux de la Caraïbe qui sont, là encore, particulièrement sensibles à cette notion et à laquelle ils donnent des déclinaisons artistiques aussi riches que variées. Comment ces artistes perçoivent-ils l'errance ? Comment la vivent-ils ?

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Recherches en Esthétique s'inscrit résolument dans son temps et son espace-lieu. Cette revue crée des liens entre les lieux, les individus, les esthétiques ; elle témoigne de cet esprit d'ouverture sans lequel il n'y a pas de rencontres possibles. Interdisciplinaire et critique, elle propose des points de vue croisés sur des thèmes qui trouvent des résonances particulièrement riches en art. Cette revue est l'actualité d'une pensée qui montre le divers à l'œuvre.

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Dominique Berthet